Vous lisez
SURFRIDER FOUNDATION EUROPE : RENCONTRE AVEC LEA SPITZER, RESPONSABLE DE L’ANTENNE BEARNAISE

SURFRIDER FOUNDATION EUROPE : RENCONTRE AVEC LEA SPITZER, RESPONSABLE DE L’ANTENNE BEARNAISE

Les bénévoles de Surfrider Béarn étaient présents au stade d’eaux-vives de Pau durant la Coupe du monde de kayak du 26 au 28 août 2022. De gauche à droite : Lea Spitzer, Thibault Dugy, Cédric Fournet, Ludivine Bédère, Laure Colmet (absentes sur la photo : Giulia Griller et Sophie Mallet)

 

« 80 % des déchets que l’on retrouve sur les plages proviennent de l’intérieur des terres »

 

Récemment implantée à Pau, l’organisation non gouvernementale Surfrider Foundation Europe démontre que les mers et océans ne sont pas sa seule préoccupation. Et pour cause puisque les déchets sont charriés par voie fluviale pour se retrouver plus tard sur les littoraux. Tout Horizon est allé à la rencontre de Lea, responsable de l’antenne Béarn de Surfrider.

 

TOUT HORIZON. Bonjour Lea ! Qui êtes-vous ?

Bonjour ! Je suis engagée dans l’ONG Surfrider depuis plusieurs années déjà et j’ai créé l’antenne béarnaise en juillet 2022.

 

Pouvez-vous nous rappeler comment Surfrider s’est constituée ?

Surfrider Foundation Europe est une ONG internationale qui s’est constituée en 1990 à Biarritz autour d’un groupe de surfeurs amoureux de l’océan. Vous connaissez peut-être Tom Curren, triple champion du monde de surf. Ses comparses et lui étaient très sensibles à la problématique des déchets aquatiques et organisaient déjà des sorties pour en récolter. La création de l’organisation en Europe a permis une vraie mobilisation avec des moyens supplémentaires. Ils ont souhaité également agir pour la qualité des eaux car ils en ressortaient fréquemment avec des plaques rouges ou tombaient malades à cause des rejets polluants des stations d’épuration. Le troisième domaine d’intervention concerne l’aménagement du littoral. Nous nous battons contre les constructions qui le dégradent et favorisent le phénomène de l’érosion.

 

La fondation est très active. Comment s’organise-t-elle concrètement en Europe et en Béarn ?

Il faut savoir que le siège se situe toujours à Biarritz avec soixante salariés, sans compter les autres bureaux français à Bordeaux et Marseille, en Espagne à Saint-Sébastien et à Madrid ou en Allemagne. A côté de ça, Surfrider fonctionne avec des antennes locales de bénévoles. Il y en a cinquante dans toute l’Europe. Ce sont elles le cœur de l’organisation, ce sont elles qui agissent au quotidien dans les territoires. Celle du Béarn a été ouverte en juillet de cette année. Le besoin d’une antenne en Béarn avait déjà émergé en 2013 lors de la grande crue qui avait charrié 40 tonnes de déchets issus de décharges sauvages au bord des gaves !

Lorsque je suis arrivée en janvier 2022 à Pau, j’avais déjà trois ans de bénévolat à mon actif au sein de l’antenne de Bordeaux. Je travaillais aussi pour le siège dans le cadre de mes recherches sur les bioplastiques en tant qu’enseignante-chercheuse en chimie à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. En m’installant dans le Béarn, j’ai fait un ramassage de déchets avec le club de canoë-kayak de Pau. Depuis 30 ans, ils organisent des opérations de nettoyage des berges du gave qu’ils effectuent à bord de leurs canoës, kayaks et rafts. J’ai donc décidé de rassembler des volontaires locaux pour créer une antenne et nous sommes maintenant sept membres. S’il y a des personnes motivées parmi celles qui nous lisent, elles sont les bienvenues pour nous rejoindre !

 

Félicitations ! C’est un bon début. Et depuis, comment agissez-vous en Béarn ?

Nous intervenons premièrement dans toute la région en appui des clubs de sport nautique pour procéder à des ramassages de déchets dans l’ensemble des rivières du territoire. Ce n’est pas forcément chose aisée car la nature a souvent repris ses droits. La végétation est si dense que le seul accès possible est par les eaux. Il faut également avoir le cœur bien accroché. Il y a quelques semaines de cela, nous avons récolté 300 kg de lingettes usagées…

Ce que nous apportons avec « Surfrider » est un nom connu et reconnu, qui permet à ces clubs une notoriété et une mobilisation plus grande lors des ramassages !

Nous faisons bien sûr de la sensibilisation auprès des citoyens. Cela fait partie des objectifs de la fondation. Nous tenons à cet effet des stands sur différents évènements comme la Coupe du monde de canoë-kayak à la fin de l’été et nous avons par exemple organisé un quizz ludique sur les thématiques chères à Surfrider, qui a eu lieu le 24 novembre dernier chez Aquiu, un bar situé rue Carnot. A ces occasions, nous faisons connaître la problématique des déchets aux Palois. La prise de conscience collective amènera je l’espère notre antenne à grandir et à dépasser les 50 participants par session.

 

Vous êtes moins de dix membres actifs. Comment faites-vous pour recruter de nouvelles personnes ?

Tout le monde est bienvenu ! Parmi nos bénévoles actuels, il y a un maraîcher, une communicante, une sociologue… Et contrairement aux idées reçues, nul besoin d’être surfeur ! (rires)

Nous souhaitons évidemment être rejoints par un maximum de personnes motivées. Pour ce faire, nous organisons chaque mois un apéritif dans un établissement aux pratiques durables. Cela existe sur la côte sous la dénomination « Apér’océan » et nous avons donc lancé les « Apér’eaux vives ». Nous les relayons systématiquement sur nos réseaux sociaux. Ce sont des rencontres conviviales où nous échangeons autour d’un verre sur les actions menées. On recueille souvent des contacts que l’on peut ensuite utiliser pour nos communications.

 

Pour ceux qui hésiteraient à franchir le pas, quel est le quotidien d’un bénévole de Surfrider ?

Pour ma part, je suis très observatrice de l’environnement dans lequel j’évolue. Cela a commencé lorsque je vivais à Bordeaux. J’avais remarqué la multiplication des déchets sur les quais, faute de poubelles suffisantes. En tant que bénévole, j’avais à cœur d’en ramasser pendant mon footing. Être membre de Surfrider c’est aussi interpeller les élus. Nous avions ainsi écrit une lettre au maire de Bordeaux en lui demandant d’augmenter le nombre de poubelles de tri sur les berges de Garonne. Six mois plus tard, la ville a mis en place le tri sélectif. Vous l’aurez compris, le bénévolat c’est au quotidien.

 

Comme quoi toute action, si petite soit-elle, peut récolter de jolis succès. Avez-vous un autre projet en cours en Béarn ?

Nous allons lancer prochainement une campagne pour la résorption des décharges sauvages du Béarn et des Pyrénées-Atlantiques. Il y a quand même 800 sites de cette nature dans le 64, souvent à proximité d’un cours d’eau.

Autre projet plutôt intéressant : le réseau « Oceanfriendly Restaurants ». Dans ce cadre, Surfrider accompagnera les restaurants qui ont une démarche éco-responsable. Ils devront respecter la charte que nous avons établie concernant des pratiques telles que le « consommer local », la réduction des emballages ou la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ils obtiendront une sorte de « label » en bois affiché dans le restaurant. A terme, l’objectif est de les cartographier sur le site Internet de Surfrider. La ville de Pau est évidemment concernée. Nous sommes encore en prospection.

 

Pour en savoir plus sur Surfrider Foundation Europe, rendez-vous sur www.surfrider.eu !

Toute l’actualité de l’antenne Béarn sur la page Facebook : www.facebook.com/SurfriderBearn ou sur Instagram : www.instagram.com/surfrider_bearn

N’hésitez pas à contacter Lea à cette adresse : antennebearn@surfrider.eu

© Tout Horizon 2021. Tous droits réservés
Réalisation : CréaSud Communication.