INTERVIEW : « RENOVER L’ECLAIRAGE PUBLIC POUR ECLAIRER MIEUX EN CONSOMMANT MOINS », un objectif de Territoire d’Energie 64
A une époque où la hausse du prix de l’énergie et les enjeux environnementaux imposent de repenser les manières de se chauffer et de s’éclairer, Territoire d’Energie s’engage dans les Pyrénées-Atlantiques en faveur d’un éclairage public plus efficace. Explications.
Quelles sont les évolutions en matière d’usage de l’éclairage public ?
L’éclairage public a pendant longtemps, été le parent pauvre de la voirie, sa rénovation n’étant pas souvent considérée comme prioritaire par les collectivités et son fonctionnement, peu optimisé. Cependant, avec la crise intervenue autour des prix de l’électricité depuis 2021, le sujet s’est invité de lui-même dans la réflexion budgétaire des collectivités. Elles se sont demandé comment consommer moins et payer moins cher. La réponse réside en grande partie dans l’amélioration de la performance des équipements. Or, l’amélioration de la performance durable de l’éclairage public, notamment en diminuant les consommations électriques, ne pouvait pas se faire sans le changement des sources lumineuses, ni la modernisation des appareils en place.
Comment Territoire d’Energie 64 (TE 64) s’est-il impliqué dans cette modernisation ?
TE 64 intervenant sur ce sujet pour le compte de la grande majorité des communes du département, une réflexion autour des actions à mettre en œuvre a été menée. Le remplacement des lampes polluantes dites « ballons fluorescents » a été accompagné depuis 2016 pour plus de 12 000 points lumineux dans le département. De plus, la réglementation technique étant venue se rajouter aux préoccupations économiques et environnementales, les leviers étaient réunis pour agir. Aussi, il a d’abord fallu aider notamment à l’application de l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses. Cet arrêté impose pour les installations lumineuses mises en service avant le 1er janvier 2020 plusieurs dispositions. Notamment le remplacement au plus tard le 1er janvier 2025 des luminaires dont la proportion de lumière émise au-dessus de l’horizontale est supérieure à 50%. Des remplacements d’éclairage sont donc rendus obligatoires par la loi.
Au-delà de ce remplacement, quels étaient les autres enjeux liés à l’éclairage public ?
Un premier enjeu consistait à réduire la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre liées à l’éclairage. L’éclairage nocturne génère d’importantes consommations d’électricité (40 % de la facture énergétique des communes) et contribue à générer des gaz à effet de serre lorsque cette électricité est produite à partir de combustibles fossiles, ce qui est encore le cas de nos jours. On estime ainsi une déperdition de 30 à 40 % sur la totalité de la lumière émise, due à une mauvaise qualité de l’éclairage.
De même, il s’est avéré nécessaire de diminuer les impacts de la pollution lumineuse sur la biodiversité et les continuités écologiques nocturnes. L’optimisation de l’éclairage nocturne représente un levier important de restauration des écosystèmes pour les espèces nocturnes et permet de reconnecter ces continuités écologiques. En effet, près de 30 % des vertébrés sont nocturnes ainsi que 65% des invertébrés (CEREMA). De plus, la pollution lumineuse concerne tous les milieux, tous les groupes biologiques et agit à plusieurs niveaux, sur les individus, les populations, les écosystèmes et sur les relations entre les espèces. Par exemple, la pollution lumineuse est un frein à la pollinisation des plantes, cette dernière s’effectuant essentiellement de nuit, via les insectes (papillons de nuit notamment). Pour toutes ces raisons, il s’agit d’une action à spectre large qui touche à la fois la biodiversité remarquable comme la biodiversité ordinaire, la biodiversité des villes et des campagnes, la faune, la flore, les habitats, les relations entre espèces et qui concerne les entreprises, les collectivités et les habitants.
N’y a-t-il pas également une volonté de permettre l’accès à un ciel étoilé de qualité ?
Il est évident que valoriser cette qualité de ciel et les paysages nocturnes est également devenu une réalité à prendre en considération. La pollution lumineuse a des impacts négatifs sur la visibilité des étoiles et donc sur l’observation astronomique du ciel. Ainsi, la plupart des étoiles ne sont plus visibles dans les villes, ce qui prive les citadins de la beauté d’un ciel étoilé et atténue la qualité des paysages nocturnes. Il s’agit pourtant d’une véritable richesse environnementale, puisque reconnue par l’UNESCO comme un patrimoine mondial.
Quels sont les projets pour la suite de ces transformations d’envergure ?
Concernant la rénovation de l’éclairage public et pour accompagner au mieux les communes, TE 64 a souhaité mettre en place des « trames sombres territoriales » qui préfigureront un schéma directeur d’investissement pour rénover l’éclairage public vétuste et inadapté, en relation avec les 9 intercommunalités du Béarn. 60 000 points lumineux sont concernés par ce chantier qui s’étalera sur plusieurs années. L’Etat a d’ores et déjà répondu positivement aux demandes de soutien financier en accompagnant le projet à hauteur de près de 2 millions d’euros sur trois ans, au travers du Fonds Vert. Il en va de même du Département avec un soutien de 1,3 million d’euros sur la même période.
Pour en savoir plus, contactez Territoire d’Energie au 05 59 02 46 71 ou via accueil@te64.fr