Comment adapter les moteurs à essence à l’hydrogène et au méthane ?
C’était au Grand Prix de Pau en 2023 pour une première. La présentation devant le public palois d’un karting de compétition roulant à l’hydrogène. Une preuve bien réelle que le prototype développé par Vision Technology fonctionnait bien. Cette start-up basée à Hélioparc vient d’être sélectionnée pour rejoindre la nouvelle promotion de Greenov, l’incubateur consacré à la transition écologique et énergétique crée par la technopole Hélioparc. L’entreprise vient de boucler une levée de fonds… L’occasion d’une rencontre avec Thomas Dufourd et Florian Gravouil les fondateurs avec Stéphane Richard de Vision Technology. Tous connaissent le monde de l’automobile et souhaitent rendre les voitures thermiques encore plus propres grâce à l’hydrogène et au méthane. Vision Technology s’est spécialisé dans le rétrofit : l’adaptation des moteurs à essence existants.
3 questions à Thomas Dufourd et Florian Gravouil
Allez-vous construire votre moteur ou allez-vous travailler avec des constructeurs ?
Thomas Dufour – Pour l’instant, on vient de finir une levée de fonds. Elle nous permettra d’aller chercher cette réponse sur l’année et demie qui est à venir. Aujourd’hui, nous avons plusieurs choix, mais une exploration du marché est nécessaire pour nous permettre de définir notre business model et le valider. Il y aura une collaboration, à mon avis, avec les constructeurs automobiles, sous quelle forme ça reste à définir. Mais une chose est sûre, nous avons une technologie et un savoir-faire reconnu par l’industrie. Ils doivent nous permettre de développer des moteurs ou de les adapter via le principe du rétrofit. Ainsi, nous pourrons proposer des motorisations qui soient performantes à un moindre coût.
Quels carburants pour faire rouler ces moteurs ?
Florian Gravouil – Si on parle des énergies gaz, on travaille sur l’hydrogène et le biométhane. Ce sont des énergies qui sont sourçables différemment. Si on parle du biométhane, c’est la revalorisation des déchets agricoles ou céréaliers. Contrairement aux énergies fossiles, on peut les sourcer localement. Notre projet entrepreneurial est à la fois un défi technologique, d’ingénierie, mais aussi territorial et sociétal. Nous souhaitons développer une souveraineté industrielle tout en gardant une certaine éthique dans le projet. L’approche locale est extrêmement importante pour nous. Nous devons disposer d’une autonomie énergétique, pour pouvoir mobiliser un parc automobile de demain plus facilement que ce qu’on fait aujourd’hui.
Vous intégrez l’incubateur Greenov quelles sont les prochaines étapes ?
On va pouvoir entamer une nouvelle étape de R&D. Il y a un nouveau processus à mettre en place avec nos partenaires pour pouvoir redévelopper des nouveaux moteurs de démonstration, que ce soit à l’hydrogène ou au biométhane. Sur la partie business, il y aura une confrontation de marché à opérer et qui va nous permettre de pouvoir prospecter des clients, de pouvoir affiner notre offre.
Le troisième volet est la démonstration que notre technologie fonctionne. Nous devrons convaincre le grand public et les industriels et renforcer notre crédibilité.
Comme le disait Thomas, on a des démonstrateurs pour promouvoir les capacités de l’entreprise à réaliser les choses. On a bien vu que grâce à notre karting à l’hydrogène, nous étions déjà sollicités.
Il y avait de l’intérêt, donc il faut qu’on continue en ce sens pour nous débloquer des pistes. Et puis, toujours regrouper des industriels ou des clients qui voudront travailler avec nous sur ces sujets-là et notamment de rétrofit, hydrogène et biométhane.