Les sentinelles du climat passent à une nouvelle phase
Le lézard ocellé va-t-il disparaître des dunes de la Nouvelle Aquitaine ?
La marmotte des Alpes sera-t-elle encore présente dans les Pyrénées ?
La grenouille des Pyrénées trouvera-t-elle toujours son bonheur près des torrents Pyrénéens ?
Ce sont entre autres les nombreuses questions que se posent les scientifiques du programme de recherche « les sentinelles du climat ».
Porté par l’Association de Protection de l’Environnement CISTUDE NATURE, ce programme est soutenu par la région Nouvelle Aquitaine mais aussi les départements de la Gironde, des Pyrénées Atlantiques et l’Europe.
En tout soixante-dix-huit structures ont participé aux différentes phases d’observation, de compréhension et d’action. Entre 2016 et 2021, sur plus de deux cent vingt-trois sites régionaux, ils ont étudié le changement climatique sur une vingtaine d’espèces végétales et animales.
Elles ont toutes un point commun : vivre dans des sites naturels particulièrement sensibles à ce changement : milieux humides, dunaires, montagnards, forêts de hêtres en plaines et pelouses sèches des coteaux calcaires. Le constat est sans appel. Nous connaissons des réfugiés climatiques, nous sommes en train d’assister à la disparition d’une partie de la biodiversité touchée elle aussi par le changement climatique.
Parmi « les sentinelles du climat », les dunes sont particulièrement menacées et en particulier les dunes grises. En vingt-cinq ans ces dunes ont « rétréci » d’un tiers de leur surface. Hors, ces dunes constituent une zone tampon entre les terres et la « dune blanche », côté Océan. De nombreuses espèces sont justement spécifiques à cette dune grise et certaines y sont mêmes endémiques : on ne les trouve qu’en Nouvelle-Aquitaine.
La situation n’est pas meilleure en montagne où le lézard des murailles a vu son habitat être modifié dans les Pyrénées à cause de température trop élevée et a dû migrer au-delà des deux milles mètres d’altitude. Il se retrouve en compétition avec d’autres lézards et à terme pourrait lui aussi disparaitre. Tout comme La grenouille des Pyrénées. Suite à la modification de l’oxygénation et du débit des ruisseaux Pyrénéens. A terme cette espèce endémique pourrait elle aussi disparaître.
« Les suivis sur le terrain ne laissent pas beaucoup de place à l’optimisme. Bon nombre des espèces « sentinelles du climat » suivies depuis six ans verront leurs populations s’amoindrir. Leurs aires de répartition se réduire peu à peu jusqu’à parfois disparaître. La biodiversité Néo-Aquitaine actuelle est inexorablement vouée à un appauvrissement drastique » explique Fanny Mallard, responsable scientifique du programme :
Fort de ces conclusions, le programme « sentinelles du climat » va passer à la phase 2. Celle de la phase des préconisations. Pas d’hésitation à ce niveau-là, les responsables de CISTUDE NATURE exhortent les collectivités à se lancer dans une stratégie de conservation des hot spots de biodiversité. « Il y a certains endroits qu’il serait particulièrement intéressant de protéger pour des enjeux de conservation des espèces Les refuges climatiques sont des milieux extrêmement riches en biodiversité et ce sont ceux qu’il faut protéger d’abord. […] Plus un milieu naturel est riche, plus il est résistant aux impacts », complète Christophe Coïc le Directeur de CISTUDE NATURE. L’arbitrage risque d’être compliqué entre le développement de l’agriculture dans l’une des régions les plus agricoles d’Europe et face aux projets d’urbanisme et d’infrastructure que connaissent la région Nouvelle Aquitaine.