La spiruline, un aliment aux multiples vertus
Consommée depuis des milliers d’années dans certaines régions du monde, découverte par des scientifiques dans les années 60, cette petite bactérie voit sa renommée grandir auprès des consommateurs soucieux de leur alimentation et des chercheurs qui étudient sa composition nutritionnelle unique et ses bienfaits.
Vous en avez sans doute déjà consommé sans le savoir. Cette petite bactérie apparue il y a 3,5 milliards d’années est à la mode.
Comment la consommer, quels sont ses bienfaits ?
La spiruline, une bactérie ancestrale
La spiruline est un des premiers organismes vivants apparus sur Terre il y a 3,5 milliards d’années. Ce n’est ni une plante, ni un animal, mais une petite bactérie qui ne peut être détectée à l’œil nu : elle mesure en effet moins de 1/4 de millimètre. Elle pousse naturellement dans les eaux chaudes de lacs salés situés dans les régions tropicales. On la trouve donc essentiellement en Asie, en Afrique et en Amérique centrale. Quelques sites ont cependant été trouvés dans d’autres régions du globe, notamment en Amérique du Sud, et même en France du côté de la Camargue.
La spiruline vue au microscope
Un aliment traditionnel millénaire
Les premiers écrits sur la spiruline remontent au XVIe siècle dans le codex de Florence, manuscrit relatant, entre autres, les faits des conquistadors espagnols : ceux-ci y relatent les coutumes des Aztèques, et notamment la consommation qu’ils faisaient d’une bouillie verte récoltée à la surface des lacs autour desquels ils étaient établis.
Au nord du Tchad, les femmes Kanem-
bous récoltent la spiruline depuis autant de temps que remontent les mémoires. Elles la font sécher au soleil dans des trous creusés à même le sable, avant de la consommer quotidiennement sous forme de galettes ou dihé. Dans les années 60, un botaniste belge, parti en expédition dans cette région, découvre cette nourriture traditionnelle. Après identification et analyse nutritionnelle, la spiruline est rapidement classée parmi les “super-aliments” et les aliments les plus riches au monde.
Extrait du Codex de Florence du XVIe siècle où la spiruline est décrite comme aliment commun des Aztèques.
Spiruline et action humanitaire
Depuis sa découverte dans le milieu des années 60, la spiruline fait parler d’elle dans le monde entier. L’ONU soutient d’ailleurs depuis 1974 le développement de la spiruline en tant que “meilleure nourriture du futur”. Elle est au cœur de programmes alimentaires dans des régions du monde où la malnutrition sévit, en Afrique subsaharienne et en Asie notamment. Dans ces régions, les associations et les gouvernements se lancent dans la culture de ce super-aliment, qui demande 4 fois moins d’eau et 20 fois moins d’espace que le soja pour un rendement en protéines équivalent.
Les essais cliniques corroborent ces initiatives : en Inde par exemple, une étude montre que “les enfants souffrant de malnutrition peuvent être rétablis avec une prise quotidienne de spiruline pendant 4 à 6 semaines” (1).
(1) Thinakarvel M & N Edwin : Spirulina –a nutrition booster– World congress on clinical nutrition, 1999. New Dehli, Inde.
Façonnage traditionnel et séchage de la spiruline sous forme de galettes ou dihé par les Kanembous au Tchad.
Une richesse nutritionnelle unique
En effet, la spiruline est composée de plus de 100 nutriments : oligo-éléments, minéraux, vitamines, protéines ou encore antioxydants. C’est “une boîte à outils nutritionnelle dans laquelle l’organisme peut piocher ce dont il a besoin pour assurer vitalité et bien-être au quotidien“, explique Julien Bataille, spirulinier en Béarn. Entre autres bienfaits, elle booste le système immunitaire, détoxifie l’organisme, réduit la fatigue et accompagne les sportifs dans leurs efforts et la récupération.
Des nutriments hautement assimilables
À la différence des végétaux qui ont une paroi cellulaire en cellulose peu digeste, celle de la spiruline est constituée de polysaccharides ; ces glucides facilement digérés par notre organisme rendent les nutriments de la spiruline hautement assimilables et bénéfiques pour tous, des enfants aux seniors.
Un apport quotidien en micronutriments variés
La consommation de spiruline relève de la micronutrition. C’est par un apport quotidien sur plusieurs semaines au minimum, ou tout au long de l’année, que l’organisme va bénéficier de l’action des nutriments. Les études cliniques portent sur une consommation de 3 g/jour en moyenne chez l’adulte et 1 g/jour chez l’enfant, dès la diversification alimentaire. “Cette posologie peut être augmentée de 3 à 10 g/jour en cas de carence avérée (…) et les sportifs en période d’entraînement intensif pourront aller jusqu’à 20 g/j1” (2), selon A. Manet, docteur en pharmacie.
(2) Manet A. “La spiruline : indications thérapeutiques, risques sanitaires et conseils à l’officine.” Thèse de doctorat en Pharmacie. 2016, 116 pages.
Booster ses défenses immunitaires
Face aux attaques extérieures, le choix d’une alimentation saine est la première action préventive à mettre en place. La spiruline contient des nutriments qui interviennent directement dans le fonctionnement du système immunitaire de l’organisme. Par exemple, le Ca-Sp, nutriment spécifique à la spiruline, a une forte action antivirale : il empêche la pénétration de virus dans les cellules. La phycocyanine, elle, stimule la production de globules blancs, qui luttent contre les infections et les maladies. Ainsi, intégrer la spiruline dans son quotidien contribue à apporter des moyens préventifs contre les attaques hivernales.
La spiruline, un aliment haut en couleur
La spiruline contient plus de 100 nutriments, dont plusieurs pigments aux couleurs et aux propriétés remarquables. Le pigment bleu-cyan, la phycocyanine, est unique à la spiruline. Outre ses propriétés de colorant naturel, il est antioxydant et booste naturellement le système immunitaire. La spiruline est également très riche en bêta-carotène, un pigment orangé. Celui-ci joue un rôle prépondérant dans la vision, le renouvellement des cellules et les défenses de l’organisme. Le pigment vert, la chlorophylle, donne sa couleur à la spiruline. Il est présent dans cette petite bactérie en quantité record. C’est un puissant détoxifiant : il joue le rôle d’un aimant, attirant les éléments toxiques comme les métaux lourds présents dans nos tissus et favorisant ensuite leur élimination de notre organisme.
La problématique des métaux lourds
La qualité de la spiruline dépend d’abord de la qualité de son milieu de vie. Cette bactérie a en effet la capacité de capter les métaux lourds et les bio-accumuler. Dans son rapport de 2017, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) passe au crible 74 lots de spiruline du commerce de provenance hors UE : Cuba, USA, Thaïlande, Inde, Taïwan… Dans 30 % des lots on observe un dépassement des concentrations réglementaires en métaux lourds : arsenic, plomb, mercure, cadmium… Dans ce contexte, “l’Agence recommande aux consommateurs de privilégier les circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés (conformité à la réglementation française, traçabilité, identification du fabricant).”
La culture de la spiruline
Pour cultiver la spiruline, les producteurs reproduisent son milieu de vie dans des bassins d’eau saumâtre. Suivant les modèles agricoles et économiques suivis, la taille des exploitations varie entre quelques centaines de mètres carrés et plusieurs hectares de bassins. Les systèmes de récolte, de traitement, de séchage, de transformation et de conditionnement varient également.
Dans les plus grands sites de production de Chine, d’Inde, d’Hawaï, où plusieurs centaines de tonnes sont produites par an, le séchage est industrialisé. Une méthode appelée “spray drying”, pulse un air à 180°C pendant quelques secondes pour sécher la spiruline. En France, 90 % de la spiruline consommée provient de ces pays.
En France, le choix des producteurs s’oriente plus sur des microfermes. Les bassins de production sont abrités sous des serres pour chauffer naturellement l’eau des bassins, recréant ainsi une partie de l’année les conditions de vie favorables à la spiruline. L’accent est mis sur la qualité et la durabilité du modèle agricole. Ces valeurs sont par exemple défendues par les spiruliniers de la ferme artisanale Spir’up, installés depuis 2018 à côté de Pau : “parce que la spiruline est fragile, nous avons fait le choix de la sécher à basse température et de ne réaliser aucune transformation pour préserver ses qualités nutritionnelles naturelles.”
Les différentes spirulines
Au-delà des méthodes de production et de séchage qui diffèrent suivant les producteurs, la forme sous laquelle est commercialisée la spiruline est également variable : fraîche, en poudre, gélules, comprimés, paillettes ou extraits liquides… Comme tout aliment, suivant le procédé utilisé et le degré de transformation, la spiruline garde plus ou moins intacte sa richesse nutritionnelle naturelle.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La spiruline est bien plus vieille que les dinosaures
La spiruline est en fait aussi vieille que le monde, puisqu’elle fait partie des premiers êtres vivants apparus sur Terre il y a
3,5 milliards d’années, bien avant les dinosaures apparus il y a seulement 230 millions d’années !
Les bactéries telles que la spiruline sont d’ailleurs responsables du développement de la vie sur Terre grâce à la photosynthèse qui a permis à l’atmosphère de s’enrichir en oxygène.
INTIATIVES LOCALES : LA FERME ARTISANALE SPIR’UP
Anthony Rambert et Julien Bataille ont lancé la cons truction de leur ferme écologique il y a 3 ans, où ils réalisent toutes les étapes de la culture à la mise en sachet.
Une ferme à taille humaine
En 2017, de nouveaux projets de vie émergent pour ces 2 jeunes ingénieurs dans le domaine de l’eau et de l’environnement, qui
décident de se reconvertir. Motivés par l’envie de “produire quelque chose de concret, d’utile”, ils s’intéressent à la culture de spiruline considérée comme un super-aliment et utilisée pour lutter contre la malnutrition dans le monde. Convaincus par son potentiel, ils décident donc de créer leur microferme, privilégiant la qualité en maîtrisant toutes les étapes et en construisant un circuit de vente ultracourt pour garder un lien direct avec leurs clients.
Une culture qui préserve l’environnement
Dès le départ, les deux spiruliniers ont souhaité construire leur ferme en ayant une approche durable autant que possible, notamment pour préserver l’environnement.
La spiruline pousse sous les tropiques dans des lacs où la température de l’eau est comprise entre 20 et 40°C. Pour l’acclimater à nos latitudes elle est donc cultivée sous serre pour avoir une eau suffisamment chaude. Cependant, pour des raisons écologiques, les serres ne sont pas chauffées ce qui limite la période de production de mars à octobre.
Les bassins font seulement 10 cm de profondeur et fonctionnent en circuit fermé : l’eau utilisée lors des récoltes retourne au bassin. C’est ainsi une culture économe en eau ; par exemple, à teneur protéique équivalente, la production de spiruline nécessite 4 fois moins d’eau et 20 fois moins de surface que la culture du soja. De plus, la culture en bassin permet d’avoir un apport de nutriments raisonné, directement en fonction des besoins de la spiruline, ceci sans utiliser de pesticides, OGM ou antibiotiques.
Un bon réseau : les clefs de la réussite
Tout faire soi-même ne signifie pas être seul. Les deux spiruliniers ont tenu à s’entourer de personnes aux expertises variées pour acquérir des compétences en interne et rester le plus autonome possible. Par exemple, ils se sont formés auprès d’organisations professionnelles dans le domaine de l’hygiène et la sécurité ou encore en biologie.
Depuis 2020, ces deux passionnés font découvrir gratuitement leur ferme : présentation de la spiruline et de sa culture, observation au microscope, dégustation… Les visites ont lieu tous les mercredis après-midi sur rendez-vous.
GAEC LECODA :
Julien Bataille et Anthony Rambert Producteurs de spiruline
1153, ch. de Roumieu – 64160 BUROS
Tél. 05 59 71 75 17 ou contact@spirup.fr
RECETTES
Houmous à la spiruline en paillettes
• 250 g de pois chiche cuits
• 1 cc de spiruline
en paillettes
• 2 gousses d’ail
• 2 cs de tahini (optionnel)
• Jus d’ ½ citron
• 10 cl d’huile d’olive
• Cumin
• Sel
Mixer tous les ingrédients ensemble. Rectifier le sel et le cumin suivant vos préférences.
À déguster en entrée ou à l’apéritif. Servir avec des légumes crus coupés en bâtonnets ou à tartiner sur du pain grillé.
Cocktail détox à la spiruline en paillettes
• Quelques feuilles de menthe du jardin
• 1 cuillère à café de jus de citron
• 1 cuillère à café de miel
• 1 cuillère à café de spiruline en paillettes
• 1/2 litre d’eau
Mixez tous les ingrédients ensemble.
Verser sur une passoire au-dessus d’un grand verre pour enlever les petits bouts de menthe.
À boire frais. À conserver au frigo et consommer dans les 2 jours.
ET MOIS JE FAIS QUOI ?
La spiruline : la cure au naturel
Coup de fatigue, période d’activité intense, changement de saison, besoin d’énergie, carences… Peut-être est-ce le moment de faire une cure de spiruline ?
Selon une étude publiée dans la revue Current Pharmaceutical Biotechnology, la spiruline est “la source la plus riche et la plus complète dans la nature”. Cette petite bactérie contient plus de 100 micronutriments : vitamines, oligo-éléments, acides aminés essentiels, antioxydants… Lors d’une cure, ou tout au long de l’année, cet aliment va apporter à l’organisme ce dont il a besoin pour bien fonctionner, pour combler des carences ou réparer des dysfonctionnements.
Concrètement
Pour bénéficier de ses bienfaits, la cure durera 1 mois minimum et pourra être prolongée plusieurs mois ou toute l’année, selon les besoins.
Adultes, on prend 3 g/jour. Pour les enfants ce sera 1 g. “Cette posologie peut être augmentée de 3 à 10 g/jour en cas de carence avérée (…) et les sportifs en période d’entraînement intensif pourront aller jusqu’à 20 g” explique A. Manet, docteur en pharmacie.
Recommandations
La spiruline est très concentrée en chlorophylle qui permet de détoxifier son corps. Elle va capter les toxines et métaux lourds accumulés dans nos tissus et aider à les éliminer. Les premiers jours, il est donc recommandé de prendre une demi-dose.
La spiruline a un taux en fer très élevé, qui aide notamment à lutter contre la fatigue. Pour mieux assimiler ce nutriment, il est conseillé de coupler la prise de spiruline avec une source de vitamine C : jus de fruit, kiwi, agrumes…
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) met en garde les consommateurs atteints d’hémochromatose (excès de fer dans le sang) et de phénylcétonurie. Avant d’en consommer il est donc recommandé de demander l’avis de son médecin pour vérifier la compatibilité avec son traitement médical. L’ANSES recommande également de vérifier de privilégier les circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés. Pour cela il est intéressant de se rapprocher de son producteur local – il en existe en Béarn — qui pourra expliquer son travail et garantir un produit de qualité.
Avantages de la spiruline en paillettes
Comme tout aliment, les procédés de transformation altèrent le produit. La spiruline en paillettes est brute et non transformée, préservant sa richesse nutritionnelle naturelle.
Ces petites brindilles de spiruline peuvent être avalées comme un cachet, sans les croquer, en les faisant passer avec un verre d’eau ou de jus de fruit. Elles peuvent sinon être intégrées crues, dans les plats : saupoudrées sur une salade ou sur une tartine, mélangées dans un yaourt, une compote ou un smoothie…
À chacun de trouver ce qui lui convient. Mais ne pas les cuire, ou les chauffer, cela altère les nutriments.